Grande étude sur la pollution de l’eau par les médicaments : antidépresseurs, antibiotiques, pilule contraceptive…on l’a longtemps ignoré mais les résidus sont bien présents dans les rivières.
En fait les stations d’épuration ne sont pas conçues pour les éliminer. On en mesure déjà les conséquences.
Un principe actif dans l’eau, c’est ce que l’on attend d’un médicament prescrit. Le problème c’est que des substances chimiques circulent à votre insu via les urines, dans les égouts. Ainsi, à l’hôpital militaire Percy à Clamart en région parisienne, des scientifiques prélèvent à 7m sous terre un échantillon des rejets. Il s’agit de traquer les résidus médicamenteux, les études sont commandées par des fonds publics et privés.
Ainsi, monsieur Mullot, pharmacien militaire indique : « on va prendre un grand nombre de prélèvements répartis au cours de la journée et qui se répartissent en fonction du débit qui passe dans l’égout. »
24h plus tard, l’échantillon arrive au laboratoire de la faculté de pharmacie. Ici, on va établir la trace des molécules présentes dans les eaux usées. Une première en France, cette étude met en évidence la présence de médicaments dans l’eau.
Madame Karolak, maître de conférences à la faculté de pharmacie, université Paris-Sud 11 déclare ainsi : « Si vous avez une personne qui consomme un médicament, elle ne va pas polluer. Si vous avez plusieurs milliers de personnes qui consomment le même médicament, là on aura un risque d’avoir des teneurs non négligeables dans les eaux de surface principalement (notamment la pilule contraceptive car beaucoup de femmes la consomment).
Effectivement, dans l’eau du robinet dans les grandes villes de France, on trouve des traces de pilule contraceptive, certes infimes mais avec des conséquences pour la santé que l’on ne maîtrise pas encore. Ce que l’on sait en revanche, c’est que dans les rivières françaises, la population des poissons s’est largement féminisée, et que la reproduction des espèces s’en trouve altérée.
Face à la pollution, les usines de traitement des eaux usées savent faire. En revanche, ce qu’elles ne savent pas faire, c’est prendre en charge les résidus de médicaments, antibiotiques, anticancéreux, antidépresseurs.
Intervention de monsieur Levy, professeur de santé publique à l’université Paris Sud-11 : « Actuellement les normes européennes, ni d’ailleurs aucune norme internationale ne prend en compte ces molécules médicamenteuses dans les systèmes de contrôle. On est encore dans le domaine du développement de la recherche et puis également de l’auto-surveillance faîte par certains producteurs d’eau qui ont des laboratoires de contrôle qui permettent de faire les analyses. »
Principaux responsables de cette pollution : nous, le grand public. Mais les industriels du médicament ont eux aussi une part de responsabilité et pour la première fois, ils le reconnaissent.